mercredi 31 décembre 2014

Douleur et tristesse font bon ménage...


Depuis que je vis avec une douleur faciale quotidienne, mutante, constante, je découvre à quel point une forte douleur physique, à moyen terme, génère des torrents de tristesse.

C'est une drôle de tristesse que la tristesse de la douleur. C'est une tristesse qui pleure les heures que l'on a perdu à souffrir et qui se lamente des heures que l'on perdra à continuer de vivre ainsi. C'est une tristesse profonde qui jaillit des entrailles et teinte les jours. Elle s'ajoute aux tristesses que l'on ressent normalement pour embrumer la vie. Cette tristesse née de la trahison du corps est puissante. Elle efface les couleurs du bonheur, elle détruit les sources d’espoir, elle anéantit le futur...

En cette année passée à mieux comprendre les tenants et aboutissants de la douleur chronique, j'ai réalisé que la clé du succès résidait certainement dans l'attitude. Si l'on ne peut rien y changer physiquement, on peut y changer moralement. En se forçant. Énormément. En acceptant de se relever à chaque fois que l'on tombe. En prenant conscience de ses attitudes. En contrôlant ses humeurs. Tout le temps.

Il ne semble pas y avoir grand choix. À cohabiter avec une douleur constante, quelle qu'elle soit, il ne semble y avoir que deux voies: grandir ou aigrir. En cette dernière année, j'ai réalisé que je préférai mourir qu'aigrir. Mais grandir n'est jamais pas simple. Surtout lorsque l'on a atteint un certain stade adulte et que c'est la douleur physique qui pousse le processus!

Combien de sages clament que l'on grandit dans la douleur? Des centaines, des milliers, des tonnes? Trop pour ne pas y prêter attention. En ce courant de pensée, les plus adeptes voient la douleur comme une vertu. Comme un chemin à parcourir. Comme une force à maîtriser. Sauf qu'à chaque fois que j'explore ces courants de pensées, je finis par réaliser que le sage en question parle de la douleur commune. De celle qui finit par disparaître...

Mais qu'en est-il de la douleur chronique. De la douleur en continue? De celle qui refuse de céder, de celle qui ne lâche plus et agrippe la vie qu'elle aspire? Il y a peu à lire sur la douleur chronique. Peu de témoignages de gens qui s'en sont sortis, peu d'informations, peu de connaissances, peu de compréhensions. La douleur chronique, c'est souvent l'éléphant que personne ne regarde.

Je suis née un premier janvier. Et comme tout bon bébé de l'année, avec le nouvel an vient mon anniversaire. Difficile de ne pas s'y arrêter pour y penser. En février, cela fera quatre ans que je vis avec un visage coupé en deux, sensoriellement disjoncté. Pas de quoi faire la fête!

De ce que j'en comprends. Cette condition médicale ne disparaîtra pas comme par magie durant la prochaine année. Alors je dois me résoudre à affronter une autre année avec un visage coupé en deux. Avec d'un coté la normalité et de l'autre l'enfer de la douleur neuropathique. Comme un tsunami déferle cette tristesse particulière. Celle qui nourrit les dépressions. Celle qui obscurcit les jours.

Pour ne pas qu'elle m'emporte en ses flots rageurs, je dois monter au sommet. Au sommet de mes émotions intérieures. De ce point de vue, je dois voir plus loin que mon désastre physique. Je dois regarder l'horizon. À l'horizon se distinguent mes devoirs maternels et quelques ambitions personnelles. À l'horizon se dessine un couple qui tient la route périlleuse.

J'inspire cet horizon auquel j'accroche mes pensées pour essayer de les égayer. Pour essayer de trouver la force d'avancer. Pour ne pas flancher. Si j'arrête d'avancer, si je baisse les bras, la douleur chronique gagne la partie. Elle avale ma vie. Mais tant que j'avance, j'ai une chance...

1 commentaire:

  1. Courage Sandra, je ne peux pas vraiment comprendre cette douleur chronique et pourtant tes mots sont si justes qu.ils me semble universels. Tes mots m aident aussi à avancer, à surmonter les épreuves, à me poser les bonnes questions.. Tu livres un tel combat, j espère sincèrement qu un jour cette douleur te laissera un peu de répit. Plein de bises et de nouvelles aventures pour cette nouvelle année à toi et ta famille ! Stéphanie fan de tes écrits depuis 2005 !!

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