mardi 16 décembre 2014

Méditer pour armer (ou désarmer) son cerveau. C'est selon...

Saviez-vous que le cerveau concocte entre 60,000 and 80,000 pensées par jour? Dans l’amalgame de ces pensées incessantes,  il faut en prendre et en laisser. Et ce n'est pas si simple qu'il n'y parait!

La douleur s'accompagne généralement de pensées destructrices. Toute douleur amène avec elle des pensées sombres. Elle fait rejaillir les tristesses, elle nourrit le désespoir. Elle a la capacité de prendre le contrôle de l'esprit.

Elle influence, négativement, ces dizaines de milliers de ces pensées qui occupent quotidiennement l'esprit.

Et c'est là où il faut se battre intérieurement. Prendre le contrôle de ses pensées est une étape importante dans cette gestion qui vise à contrôler une douleur persistante.

Pour se sortir des gouffres dans lequel la douleur peut emporter l'esprit, il faut réaliser qu'il est possible de contrôler ces pensées qui obnubilent.

Se rappeler que nous sommes plus que nos simples pensées. Nous sommes un esprit puissant. Prendre le contrôle de sa tête permet de trouver ces ressources intérieures qui aident à contrôler la douleur chronique. Maîtriser la douleur chronique pour qu'elle perde de son contrôle sur l'esprit. Car la douleur chronique est mortelle. Qu'on se le dise!

Lorsque l'on vit avec une problématique de douleur incessante, harcelante, il devient vital de garder le contrôle de son esprit. La méditation a pour objectif de faire un peu de ménage dans tout ce bordel mental.

La douleur chronique, celle qui refuse de disparaître, a le don de faire tourner les pensées autour de son existence. Elle est reconnue pour conduire ceux qui la côtoient à la dépression, plusieurs se tournent vers le suicide. Tous y pensent. Certains deviennent fous. D'autres s'aigrissent comme du vinaigre.

Et il y a sûrement ceux qui s'en sortent. Ceux qui trouvent les moyens de la contrôler, de la surmonter. Ceux-là ne font malheureusement pas légion. Pourquoi ne puis-je trouver des gens qui témoignent de leur cheminement positif? Des gens qui vivent en paix avec une douleur chronique? Serais-ce du domaine de l'impossible?

Je ne crois pas en l'impossible. Mais je crois de plus en plus en la méditation. La méditation est un outil perfectionné pour se distancer mentalement des effets mentaux pervers de la douleur physique. Scientifiquement recommandé.

Utiliser la méditation comme un outil en son atelier médical

Cet automne, au fil des semaines devenus mois, j'ai sérieusement pratiqué la méditation. J' ai opté pour la méditation pleine conscience. Celle qui est médicalement recommandée. Ça tombe bien, elle vogue dans l'air du temps!

J'en prends le chemin pour la première fois durant le printemps, en l'une de ses multiples heures où la douleur dépasse neuf sur dix. Ou elle est terrifiante. Après avoir lu sur le sujet, assisté à une conférence liée au sujet, et écouté des personnes en parler lors des groupes d'entraide, je décide d'essayer. Rendue là, je n'ai plus rien à perdre!

J'opte pour un cinq minutes ciblé. Assise en indienne, la tête vrillée par une multitudes de sensations cauchemardesques générées par un nerf facial déjanté, je teste une méditation ciblée via le site de Frederick Dionne. En cette première séance, une seule pensée se faufile dans la douleur: "Va chercher de la glace!"

Je réalise alors que l'intensité de la douleur qui me déchire la moitié de ma face et de mon cerveau, j'oublie de penser. La maudite douleur aspire toutes mes pensées.  Elle les absorbe pour en faire de la bouillie de vie. Lorsque je sais que la morphine ne peut plus rien pour moi et que je refuse d'augmenter mes doses, la glace est le seul moyen qui m'aide à survivre au moment présent. Comment ai-je pu l'oublier? À force de nager en une bouillie de cervelle?!?

S' en suit une session de glace. De ces heures avec une poche de glace sur la face, qui se déplace aux vingt minutes pour essayer de couvrir toutes les zones affectées. Je me dis cependant que si ces cinq premières minutes de méditation m'ont aidé à penser, il faut que je creuse le sujet.

Dans la semaine qui suit, je fais plusieurs méditations ciblées sur la douleur. Mais je m'ennuie vite à tourner autour de celle-ci. Arrive Deepak et Oprah dans mon paysage avec un défi gratuit de 21 jours de méditation pleine conscience. L'homme est même prêt à m'y accompagner. On s'y lance. Rapidement je réalise combien j'aime utiliser un mantra pour contrôler mes pensées. Je découvre le sanskrit et les idées Vedic.

Je réalise que je peux arriver à me déconnecter de certaines pensées liées à la douleur. Je peux ainsi me détacher de la réaction émotionnelle qu'apporte la douleur pour mieux la supporter. Je peux faire du ménage en mes pensées bordéliques en portant attention à un mantra.

De cette façon, j'ai un peu la sensation de prendre un balai et de me dépoussièrer la cervelle. Ainsi je prends le contrôle intime de ce nerf facial infernal qui veut ma peau. Je fais confiance en la science millénaire des mantras en sanskrit. Une culture qui a perfectionné l'art de la vibration mentale.


Je passe l'automne emportée en un tourbillon de physiothérapie intensive et je fais de la méditation guidée via mantra sanskrit pour ne pas y perdre la tête. J'ai commencé cinq minutes à la fois. Lorsque je me rapproche des deux heures par jour, je me demande si je ne vais pas me transformer en yogi!

-Tant que tu lévites pas, tout est beau, me dit sérieusement la grande chef à l'hôpital.

Ainsi j'évite qu'elle ne me fasse avaler ces médicaments que je refuse. Ceux qui sont supposés rétablir la bio-chimie du cerveau affectée par la douleur en continu. Ceux qui ont pour but de la cacher. Mais la cacher ne la fait pas disparaître.

En prenant le choix de méditer à grosses doses je fais l'effort de muscler ma cervelle. Mon équipe médicale semble apprécier assez mes efforts pour me foutre la paix avec ces cachets qui ne m'inspirent guère confiance.

Selon la science moderne, en méditant sagement, j'agis sur la bio-chimie de mon cerveau autant que peut le faire ce type de médicament que je refuse. C'est scientifiquememt prouvé.

En méditant sérieusement, toute personne peut agir sur son cerveau autant que ce médicament qui force le cerveau à s'adapter à sa molécule chimique en divers malaises humains (qui peuvent durer des semaines).

Mais il faut persévérer pareil qu'ils disent. Malgré les effets secondaires.  Ensuite la médecine ne s'attarde guère sur le fait que ce type de médicament est quasi insevrable. Qu'il faut traverser un autre enfer lorsqu'on désire l'arrêter. J'en parle avec une physio qui me dit: "C'est vrai, c'est très difficile à sevrer mais c'est possible, certains y arrivent!". Non merci, je préfère méditer!

Depuis que je médite sagement, je remarque un nouveau respect de la part des intervenants qui travaillent sur mon cas médical. J'en suis subtilement flabergastée. Tant que je poursuis la physiothérapie intensive et que je médite,  je suis sur la bonne voie me répètent - ils. Facile à dire!

Mais depuis quand la médecine moderne respecte autant les vertus de la méditation? Depuis qu'il est prouvé scientifiquement que la méditation a la capacité d'affecter les neurones dans le bon sens?

Méditer par toutes saisons...

J'avoue que ma cervelle apprécie cette étrange gymnastique mentale. Elle en redemande. Durant tout l'automne. Magnifique. J'adopte un quai méditatif pour m'aider à la tâche interne. Trois mois de physio intensive, trois mois de méditation intensive. Au bout de trois mois, j'arrive à méditer trois heures les doigts dans le nez. S'étonner soi-même. Apprendre plein de choses en chemin...

Mais avec l'hiver qui me vole mon quai de lac, je change de rythme de vie. Je trouve beaucoup plus difficile la discipline de méditation entre quatre murs. J'aime trop la méditation de plein air! Je rumine et bougonne.

Le bordel mental s’immisce dans les failles de mon esprit avec entrain. Je continue d'apprendre. Mon défi hivernal? Accepter de méditer à l’intérieur et retrouver une discipline de méditation digne de ce nom! Rien n'est jamais gagné ni acquis dans la vie...

Quai de méditation

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